Peut-on savoir que c’est l’œuvre de notre vie ?

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Il y a quelque chose qui mijote depuis un moment dans mon imaginaire. Il me semble que la première bribe de lumière, cette idée nouvelle qui émet son premier souffle, a vu le jour il y a environs deux ans. Ce n’était alors qu’une petite graine, aussi petite que celle d’une fraise. Vous m’excuserez cette comparaison, mais elle est assez juste : avez-vous déjà mangé une fraise et eu des graines qui se sont accrochées à vos dents comme à leur vie ? Eh bien voilà, c’est un peu l’effet que cette idée avait. Elle est arrivée douce et sucrée, mais particulièrement abstraite ; je ne pouvais rien faire avec. Mais au lieu de s’évanouir dans les limbes de l’imaginaire pour peut-être ne jamais trouver une voix pour raconter son histoire, elle est restée.

Elle était légèrement agaçante à me hanter comme ça. Je lui disais que ce n’était pas assez, je n’avais pas assez de fils pour tisser une histoire ; l’idée devait m’en dévoiler un peu plus ou aller voir ailleurs. Mais elle s’entêtait. Et, elle a bien eu raison, car sa patience et mienne ont portés leurs fruits. C’est comme si elle avait su que le bon moment arriverait.

Il a suffi de terminer le premier jet de mon dernier roman – Ascension – pour que tout le potentiel de cette idée se dévoile. Un peu comme une araignée débutante, elle a construit une toile aux fils grossiers et fragiles, mais dont la forme était déjà là. Le chemin était ébauché, il suffisait de le suivre et de construire une route solide. Et ce sentier de terre battue m’a enchanté. Les personnages se sont rapidement logés dans mon cœur, leur histoire m’a fait chavirer. Ils n’ont pas vraiment les mots pour me la conter eux-mêmes, mais c’est là que j’interviens. Avec leurs bribes de récits, leurs différents points de vue, je vais pouvoir construire le puzzle de leur existence, de leur aventure. Je vais pouvoir leur donner une voix.

Et c’est étrange, mais cette petite idée qui m’a hanté pendant si longtemps est à présent devant moi avec une telle puissance que je suis convaincue de cette trilogie sera l’œuvre de ma vie. Puis-je vraiment le dire sans vraiment l’avoir écrit ? Ma vie sera, espérons-le, encore longue, alors puis-je vraiment prétendre à cela ? Je ne sais pas. Je sais juste ce que je sens, et c’est enivrant et euphorisant.