C’est normal de douter, tout le monde le fait ou est passé par une étape difficile pendant laquelle le doute avait une place de prédilection. C’est humain, on ne peut pas toujours être à 100% sûr de soi. Ce qui handicapant c’est d’avoir le doute comme compagnon du matin au soir, et même dans les rêves ! C’est agaçant, à la fin ; je n’arrive même pas à voler comme il faut dans mes rêves, parce que même là le doute me poursuit et m’empêche de faire ce que je veux.
Outre le fait de ne pas pouvoir voler sur un dragon ou battre tout le monde dans un combat à l’épée, le plus grand impact est tout de même dans la vie réelle. Pour moi, personnellement, le doute prend la forme d’une Muse en colère, endormie ou droguée, complètement incapable ou réticente à me souffler des idées. Elle est aussi moqueuse, riant aux éclats de mes tentatives d’écriture. Ceci a pour résultat la remise en question de mes capacités d’écrivaine. Quand cela arrive, chacun de mes mots se voit affublé d’une verrue si grosse et si vilaine, que la phrase entière n’est qu’un ramassis de laideur qui m’insupporte. Mais tout cela, c’est à mes yeux. Le doute me fait porter des lunettes grises.
Le résultat le plus récent est mon incapacité à achever la relecture et la correction de mon dernier roman, Ascension. Je devrais pourtant m’y mettre, la date de sortie est prévue pour cet automne ! Mais rien n’y fait. Je me sens incapable d’améliorer un texte, lorsque j’ai la sensation que je ne peux rien apporter de meilleur.
C’est malheureusement une sensation qui va et vient. En tant qu’auteure auto-publiée, ce phénomène est d’autant plus présent à cause du manque de reconnaissance reçu pour mes romans. Pourquoi j’écris ? Qui va me lire ? Qui va conseiller mes livres ? A qui est-ce que mes histoires vont apporter quelque chose ? Pourquoi dépenser tant d’énergie et de temps pour quelque chose qui ne récoltera qu’une misérable petite feuille de laurier ?
La réponse est pourtant simple : pour moi. Je fais ce métier pour mon bien-être. Bien sûr, je suis heureuse si mes livres apportent quelque chose à mes lecteurs. Mais si j’écris c’est pour me libérer de toutes ses idées qui me trottent dans la tête et laisser la place à d’autres. C’est parce que la vie sans mes histoires serait fade pour MOI. Alors, peut-être que mes romans ne transcenderont la vie de personne, mais ils transcendent la mienne. Et c’est suffisant. C’est mon baume, mon remède pour rester saine et heureuse.
Alors, au diable le doute ! Qu’il aille voir dehors, si j’y suis. Je vais le combattre, tous les jours, sans relâche. Peut-être que ce sera long, mais comme la tortue, j’arriverai à destination : un pas après l’autre.